A l'heure où le numérique a envahi nos vies, les professionnels de l'enseignement et de la formation s'interrogent sur la place occupée par chacun : formateur, apprenant mais aussi savoir !! Former demain sera-t-il totalement différent d'aujourd'hui ? Quel doit être le rôle du formateur ? Sa posture ? Ses compétences ? Aura-t-on encore besoin d'un "enseignant" demain ou simplement de supports et de didacticiels conçus pour remplacer le formateur ?
20 Juillet 2015
Comme souvent, avant d'utiliser un mot, il convient de le définir, d'y donner du sens, de se mettre d'accord sur les notions utilisées.
Aussi, discipliné, je m'emploie à fournir la définition du dictionnaire (une référence me direz-vous... une parmi tant d'autres)... et voici comment Larousse définit le terme inquiet : "Qui est, par nature, agité par la crainte du danger, l'appréhension de ce qui va arriver" !
Nous pouvons déjà souligné la notion d'inné ("par nature"), à moins qu'il ne s'agisse d'une compétence (et là, les pédagogues vont s'en donner à coeur joie) et la seconde notion à illuster, la peur ("crainte du danger", "appréhension")... bref, un formateur ne doit pas avoir peur... oui, mais pas que !!
Un formateur n'est pas un inquiet pour 2 raisons :
- il doit rassurer ses apprenants
Bien sûr, au risque de passer pour un enfonceur de portes ouvertes, je le dis, un formateur donne confiance tant en matière de contenus, qu'en matière de méthode pédagogique, qu'en exprimant la capacité de l'apprenant à réussir !
Ce second point est beaucoup plus délicat que le premier. En effet, j'affirme que l'apprenant est une victime : il est victime d'un conditionnement depuis l'enfance où le maître a raison, qu'il posséde la science, et que le bon élève doit s'assoire derrière une table, prendre une feuille afin de noter toutes les choses érudites que le Sachant présente, puis être capable de les restituer sous différentes formes pour montrer que son petit cerveau s'est un peu agrandi............... merci !!
Il est victime aussi d'une situation où l'apprentissage ramène à tout âge au point de départ... Un professionnel qui a 20 ans d'expérience et doit se reconvertir, pour x raisons, dans un autre métier, est un débutant qui, s'il ne part pas de zéro, n'en reste pas moins au premier barreau de l'échelle... vis-à-vis de ses pairs, mais parfois du formateur, souvent d'une institution voir d'une société !
Il est victime aussi de la confiance qu'il place naturellement dans ledit formateur ! C'est (espérons-le) un expert dans son métier, donc il sait (et oui, on recommence). A ce sujet, en formation de formateurs, il est drôle (au sens cynique du terme) de constater qu'en exercice d'animation de séances de formation, les formateurs eux-mêmes se mettent instinctivement dans la peau de l'apprenant qu'on ne souhaite plus avoir ... ils suivent aveuglement des consignes incompréhensibles sans se poser la moindre question...
Aussi, au regard de ces constats se pose la question de l'équilibre du formateur. En effet, vous le voyez bien, la manipulation d'un formateur peut devenir facile (à court terme en tout cas)... on lui attribue un rôle et un pouvoir, un niveau, des vérités......... qu'en fait-il alors ?
Le formateur prend-il conscience de la situation et devient-il prudent quant à ses méthodes, ses contenus, ses évaluations, ses propos, ses jugements ? Oui, souvent, en tout cas, s'il est clairvoyant envers lui-même : ses connaissances, ses compétences, ses méthodes, ses vérités, son attitude, la perception que l'on a de lui, sa responsabilité, etc.
Alors, songez à un formateur qui aurait besoin de se faire valoir ? Besoin de reconnaissance ? Besoin de se rassurer lui-même ? Besoin de vérifier ses compétences ? Besoin d'être aimé ?
Quid de sa pratique s'il n'est pas équilibré dans son for intérieur ?
Alors, bien sûr, comment savoir si ce fameux formateur est équilibré ? Je n'aurai qu'une réponse pour l'instant : le formateur fait-il preuve de suffisamment d'humilité pour s'interroger sur sa responsabilité quant à l'échec d'un apprenantissage ou d'un apprenant ?
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